Illustration : Mathieu Persan
Cette année-là, Napster modifie les règles du jeu et invente la musique gratuite. C'est la fin d'une époque. La génération fleur bleue laisse peu à peu la place à celle de la grisaille, un gris repris sur la pochette de Fin de siècle. Hannon ne le sait pas encore, mais le cynisme général se cache en arrière-plan, et sommeille dans des réseaux sociaux qui n'existent pas encore mais ne tarderont plus. Ce disque, c'est celui d'une supposée « Generation Sex » qui ignore qu'elle sera rapidement battue à plates coutures par la suivante, celle de l'hyper-sexualité 2.0. Neil reste un romantique, et cette fin de siècle illustre aussi la fin de ses premiers amours avec son label de toujours, Setanta. Il paraît qu'amour et comptabilité n'auraient pas fait bon ménage, et que notre dandy serait parti après avoir découvert un trou dans la caisse. Parfois boursouflé, voire excessif, Fin de siècle a des défauts évidents. Mais il fonctionne. Ce sera même la meilleure vente de Divine Comedy depuis les débuts. L'album contient en outre quelques perles, comme “Eric the gardener”, longue plage étonnante de plus de 8 minutes, portée par un motif de piano répété à l'infini. Ou encore l'épique Sunrise, morceau régulièrement joué en concert depuis. Fin de siècle, c'est l'arrivée au port après un long voyage. Il ne peut faire plus baroque, plus grandiloquent, sans risquer de se perdre. Une remise en question se profile...
Albert Potiron
-------------------------------
This is the year in which Napster changes the rules and invents free music. It is the end of an era. A romantic generation makes way for a greyness generation, echoed by the grey on the cover of Fin de siècle. Hannon does not know it yet, but a global cynicism hides in the background, and waits to be released on social networks that do not exist yet but will very soon. This album is emblematic for a so-called Sex Generation that doesn’t know yet that it very soon will be beaten to the punch by the next one: the 2.0 hypersexualised generation. Neil is sill a romantic and the end of the century also marks the end of his first love story, the one with his long-standing label, Setanta. It is said that love and accounting don’t mix and that the dandy left after discovering cash irregularities. Fin de siècle is sometimes bombastic – even full of excesses – and has obvious flaws. But it works. It even becomes The Divine Comedy’s bestseller. Warmly welcomed by the critics, the album contains some gems, like “Eric the gardener”, a long, surprising track lasting more than 8 minutes with an infinitely repeated piano loop. And the epic “Sunrise”, a track Neil Hannon regularly plays at concerts. Fin de Siècle is an arrival at the harbour after a very long trip. Neil Hannon cannot go more baroque, pompous, without risking to lose himself. A reassessment is coming…
Albert Potrion