Illustration : Mathieu Persan
Neil Hannon est un précoce. Le genre de garçon à monter son groupe rapidement. Trop, peut-être. Ce sera The Divine Comedy, véritable groupe qui sort en 1990 Fanfare For The Comic Muse, mini-album de 7 titres aussitôt aussitôt renié par cet Irlandais né dans le petit village d'Enniskillen. Trois ans plus tard, Neil a seulement 22 ans. L'internet généralisé et les plateformes de streaming n'existent pas, mais la musique dite « indépendante » l'est encore. Signé sur Setanta records, petit label avec le vent en poupe grâce au succès d'estime des Frank and Walters, autre groupe du cru Irish, Neil Hannon publie Liberation le 16 août 1993. Un disque solo. Ou presque. A l'exception de la batterie et du violon, le dandy joue de tous les instruments. Si Hannon n'a pas encore les moyens financiers de son ambition musicale, son inventivité laisse penser que ses lendemains devraient chanter. Cet album est une merveille de bricolage. Un bijou oscillant entre bonheur et mélancolie, saupoudré de références littéraires à Tchekhov (“Three Sisters”), Francis Scott Fitzgerald (“Bernice Bobs Her Hair”) ou William Wordsworth (”Lucy”). Liberation se résume en quelques mots : coup d'essai, coup de maître. Et pourtant, le meilleur reste encore à venir.
Albert Potiron
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Neil Hannon is precocious. The kind of guy who quickly forms a band. Maybe too quickly. That is how The Divine Comedy started, as a real band that released Fanfare for the Comic Muse in 1990, a 7-track mini-album that the Irishman from the small town of Enniskillen immediately disowned. Three years later, Neil is only 22. Internet and streaming platforms are not widely spread yet, but the so-called “independent” music still is. Signed with Setanta Records, a small record label riding the crest of a wave thanks to the critical acclaim of Frank and Walters, another Irish band. On August, 16th 1993, Liberation is released. A solo album. Almost. The dandy plays all the instruments but the drums and the violin. Hannon does not have the financial means to achieve his musical ambition yet, but his inventiveness suggests a brighter future. The album is marvellously thrown together. A gem that blends together happiness and melancholy, with a splash of literary references to Chekhov (“Three Sisters”), Francis Scott Fitzgerald (“Bernice Bobs Her Hair”) or William Wordsworth (“Lucy”). Liberation can be summed up in a few words: this first attempt is a masterstroke. But the best is yet to come.
Albert Potiron
Illustration : Mathieu Persan
Une année à peine après Liberation, The Divine Comedy revient plein d'ambition avec Promenade, collection de morceaux arrangés à la sauce musique de chambre. Et quelle sauce ! Le grand orchestre pointe encore aux abonnés absents mais l'omniprésent quintet de cordes remplit parfaitement l'office. Et fait de ce troisième album un disque 5 étoiles. Ceux qui en douteraient peuvent fermer les yeux et se concentrer sur “When the lights go out all over Europe”, l'hymne crève-coeur et nostalgique par excellence. Proche du concept-album, Promenade raconte l'histoire d'un couple d'amoureux en ballade sur les bords de mer. Les références littéraires sont toujours là, notamment avec “The Booklovers”, morceau dans lequel le couple égrène ses auteurs favoris : Virginia Woolf, Edgar Allan Poe, Marcel Camus, Simone de Beauvoir, E.M. Forster, etc. Quoi de plus normal dès lors que de re- trouver dans son introduction un monologue d'Audrey Hepburn extrait de Drôle de frimousse, film de Stanley Donen dans lequel elle incarnait... une libraire ? Hannon reconnaît facilement ne pas avoir lu la moitié des auteurs de cette liste, ce qui n'est déjà pas si mal. Né sous l'influence majeure du compositeur de musiques de films Michael Nyman, Promenade représente une avancée majeure dans la carrière d'Hannon. Un bond en avant qui s'accompagne d'un important succès critique.
Albert Potiron
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Only a year after Liberation, The Divine Comedy comes back full of ambition with Promenade, a collection of tracks arranged with a touch of chamber music. And what a touch! There still is no great orchestra but the omnipresent string quintet fully fulfilled its purpose, turning this album into a 5-star record. Anyone who doubts it can close their eyes and focus on When the lights go out all over Europe, the nostalgic and heart-breaking anthem par excellence. Promenade is close to a concept album and tells the story of a couple of lovers strolling along the seashore. Literary references are still present, especially with “The Booklovers”, a piece in which the couple recounts their favourite authors: Virginia Woolf, Edgar Allan Poe, Marcel Camus, Simone de Beauvoir, E.M Forster and many others… It only seemed normal to find in the introduction a monologue told by Audrey Hepburn in Funny Face, the Stanley Donen movie in which she played… A bookseller. Hannon easily admits that he has not read half the authors of the list, and that’s already not bad. Created under the major influence of the movie soundtrack composer Michael Nyman, Promenade is a major leap forward in Hannon’s career. A breakthrough that earned him critical success.
Albert Potiron
Illustration : Mathieu Persan
Dernier volet d'une trilogie qui n'a jamais vraiment dit son nom, Casanova marque la volonté de l'Irlandais d'aller se frotter à une pop plus symphonique. Fort de l'accueil critique de Promenade, le jeune Neil a pris confiance en lui. Un rapide coup d'oeil sur la pochette montre que le gringalet de Liberation et Promenade a laissé la place à un homme looké, voire à un dandy mystérieux et séducteur plus sûr de sa musique. Et de son rapport aux femmes. Ou plus exactement à la femme, thème récurrent de sa discographie. Au revoir le costume bon marché et la cravate sobre. Bonjour l'imperméable de grande marque, les élégantes lunettes de soleil et le foulard de modeux, accessoire indispensable à tout dandy qui se respecte. Un détail qui compte pour faire la différence et transformer l'essai auprès de ses dames. Désormais, le Casanova, ce sera lui et non plus ce Giacomo né à Venise en 1725. Autre changement évident, le sexe. La vision innocente et l'éveil amoureux de Promenade relèvent désormais du souvenir. La femme n'est plus un lointain fantasme d'adolescent, elle existe. Et prend chair. A l'époque, Hannon déclara la chose suivante : « J'ai fait cet album parce que j'ai enfin couché avec une fil- le ». Vérité ? Mensonge ? Buzz pré-internet ? Peu importe après tout. Avec des merveilles comme “Songs of love” ou “The frog princess”, Casanova reste un sommet dans sa discographie. Et ce n'est pas ses nombreuses groupies, ses « frog princess » à lui, qui diront le contraire.
Albert Potiron
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Casanova is the final piece of an unofficial trilogy and shows Hannon’s will to taste a bit of a more symphonic pop. Following the critical acclaim of Promenade, young Neil got more self-assured. A quick glance at the cover reveals that the skinny guy from Liberation and Promenade made way for a polished man, even a mysterious and seductive dandy that is confident of his music. And his relationship to women, a recurring theme of his discography. No more cheap suits and plain ties. Here come the designer raincoat, the elegant sunglasses and the fashionable scarf, an essential for any self-respecting dandy. An important detail to make the difference and get popular with the ladies. From now on, he is the only Casanova, outshining Giacomo, born in Venice in 1725. Another obvious change: Sex. The innocent vision and the love awakening of Promenade are now no more than a memory. Women are not a distant teenage fantasy anymore, they actually exist. They are fully fledged. At the time, Hannon said: “I released this album because I finally slept with a girl.” Truth? Lie? Pre-internet buzz? It doesn’t really matter after all. With gems like “Songs of love” and “The frog princess”, Casanova is a peak in his discography. And the crowd of his groupies – his “frog princesses” – will not deny it.
Albert Potiron
Illustration : Mathieu Persan
Voilà. Le personnage de dandy est installé, et sa discographie commence à prendre vie. Une bien belle vie. A peine un an s'est écoulé depuis Casanova qu'Hannon revient déjà avec un mini-album de 7 titres consacré à... l'amour. Et enfonce le clou en le sortant à quelques jours de la Saint-Valentin. Cinéphile averti (le titre est un clin d'oeil appuyé à Brève histoire d'amour, film de Krzysztof Kieslowski), Hannon délivre ici son œuvre la plus cinématographique. Enregistré avec le Brunel Ensemble pour un concert au Shepherd's Bush Empire, cet album très réussi marque une volonté évidente de Neil de s'approcher de la création d'une œuvre symphonique.
Albert Potiron
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The dandy character is here to stay and his discography comes to life. To a beautiful life. Only a year has passed since Casanova and Hannon is already back with a seven-track album dedicated to… love. And he even releases it a few days before Valentine’s day. An informed film lover (the title is a nod to A Short Film About Love, the film by Krzysztof Kie
Albert Potironn here unveils his most cinematographic work. Recorded with the Brunel Ensemble for a concert at the Shepherd’s bush empire, this very accomplished album clearly shows Neil’s wish to come closer to creating a symphonic piece.
Albert Potiron
Illustration : Mathieu Persan
Cette année-là, Napster modifie les règles du jeu et invente la musique gratuite. C'est la fin d'une époque. La génération fleur bleue laisse peu à peu la place à celle de la grisaille, un gris repris sur la pochette de Fin de siècle. Hannon ne le sait pas encore, mais le cynisme général se cache en arrière-plan, et sommeille dans des réseaux sociaux qui n'existent pas encore mais ne tarderont plus. Ce disque, c'est celui d'une supposée « Generation Sex » qui ignore qu'elle sera rapidement battue à plates coutures par la suivante, celle de l'hyper-sexualité 2.0. Neil reste un romantique, et cette fin de siècle illustre aussi la fin de ses premiers amours avec son label de toujours, Setanta. Il paraît qu'amour et comptabilité n'auraient pas fait bon ménage, et que notre dandy serait parti après avoir découvert un trou dans la caisse. Parfois boursouflé, voire excessif, Fin de siècle a des défauts évidents. Mais il fonctionne. Ce sera même la meilleure vente de Divine Comedy depuis les débuts. L'album contient en outre quelques perles, comme “Eric the gardener”, longue plage étonnante de plus de 8 minutes, portée par un motif de piano répété à l'infini. Ou encore l'épique Sunrise, morceau régulièrement joué en concert depuis. Fin de siècle, c'est l'arrivée au port après un long voyage. Il ne peut faire plus baroque, plus grandiloquent, sans risquer de se perdre. Une remise en question se profile...
Albert Potiron
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This is the year in which Napster changes the rules and invents free music. It is the end of an era. A romantic generation makes way for a greyness generation, echoed by the grey on the cover of Fin de siècle. Hannon does not know it yet, but a global cynicism hides in the background, and waits to be released on social networks that do not exist yet but will very soon. This album is emblematic for a so-called Sex Generation that doesn’t know yet that it very soon will be beaten to the punch by the next one: the 2.0 hypersexualised generation. Neil is sill a romantic and the end of the century also marks the end of his first love story, the one with his long-standing label, Setanta. It is said that love and accounting don’t mix and that the dandy left after discovering cash irregularities. Fin de siècle is sometimes bombastic – even full of excesses – and has obvious flaws. But it works. It even becomes The Divine Comedy’s bestseller. Warmly welcomed by the critics, the album contains some gems, like “Eric the gardener”, a long, surprising track lasting more than 8 minutes with an infinitely repeated piano loop. And the epic “Sunrise”, a track Neil Hannon regularly plays at concerts. Fin de Siècle is an arrival at the harbour after a very long trip. Neil Hannon cannot go more baroque, pompous, without risking to lose himself. A reassessment is coming…
Albert Potrion
Illustration : Mathieu Persan
« Le changement, c'est maintenant », aurait pu asséner un Neil revanchard au moment de la sortie de Regeneration le 12 mars 2001. Nouveau look (adieu le dandy, place au baggy tendance grunge), nouveau label et, last but not least, nouveau producteur. Faute d'exister, Youtube et le streaming n'ont pas encore dévoré une industrie du disque déjà un peu abîmée par le peer-to-peer et un piratage en voie de généralisation. Fort de ses succès passés dans la sphère indie, Neil fait presque office de nouveau riche quand il décide de pénétrer l'univers des majors. En quittant Setanta pour le géant Parlophone/EMI, il s'offre même les services de Nigel Godrich, producteur le plus courtisé de la planète pop (Beck, Travis, Pavement) depuis le multiplatiné Ok Computer de Radiohead. Une présence qui a un prix évident : la patte si remarquable et parfois encombrante du « son » Godrich. Un son très riche et éloigné de tout ce qu'a produit Neil jusque là. Adieu classicisme, bienvenue modernité. C'est probablement ce qui explique qu'Hannon ne se reconnaisse plus aujourd'hui dans ce disque très atypique dans sa discographie. Il avouera même quelques années plus tard ne pas entendre The Divine Comedy mais un autre groupe quand il le réécoute. Sévère, non ? Certains fans l'adorent, d'autres le détestent. Ce qui est certain, c'est que l'écriture de Neil Hannon est toujours au top. En cas de doute, écoutez d'urgence “The perfect lovesong”, “Lost pro- perty” ou encore le spatial “Eye of the needle”.
Albert Potiron
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Regeneration came out on March, 12th 2001. New look (bye bye dandy, hello grungy baggies), new record label and – most importantly – new producer. As they do not exist, YouTube and streaming have not yet fed on a record industry that has already been hit by peer-to-peer sharing and piracy that are about to become wide-spread. After his past indie successes, Neil almost seems like a nouveau riche when he decides to step into the world of major labels. By leaving Setanta for the huge Parlophone/EMI, he even affords the service of Nigel Godrich, the most demanded producer in the pop universe (Beck, Travis, Pavement) since Radiohead’s multi-platinum Ok Computer. A hand that had an obvious price: the both truly remarkable and sometimes ineffaceable Godrich touch. A very rich sound universe that is far from anything Neil has produced until then. Goodbye classicism, hello modernity. It probably explains why Hannon now cannot see himself in this album that still is very special in his discography. He will even admit a few years later that he hears another band than The Divine Comedy when he listens to it again. Harsh, isn’t it? Some fans love it, other hate it. One thing is for sure: Neil Hannon’s writing is still at its peak. When in doubt, just listen to “The perfect lovesong”, “Lost property” or the very spatial “Eye of the needle”.
Illustration : Mathieu Persan
Une nouvelle fois, la règle d'or se confirme : nos plus beaux amis sont ceux qui ne sont pas ou plus là. Imaginaires ou disparus, ils nous accompagnent partout. Et nous font un bien fou. Absent friends, c'est exactement ça. Après un Regeneration où il estime avoir perdu le contrôle de l'appareil, Hannon revient aux fondamentaux : une pop de chambre magnifiquement arrangée, et subtilement écrite. Pour Nicolas Ungemuth (Rock &Folk, Le Figaro), cet album est un chef-d'oeuvre. Comment lui donner tort ? Absolument rien à jeter sur ces 11 titres somptueusement produits. Vous ne croyez que ce que vous entendez ? Quelques exemples : les violons et le refrain de “Come home”, “Billy Bird”, plus légers qu'un tiramisu dans un étoilé Michelin, l'ingra- titude de l'adolescence dans “The happy goth”, etc. Seul manque peut-être un tube. Ce morceau qui permettrait à l'Irlandais d'exploser enfin aux oreilles d'un monde parfois frappé de surdité. Mais voilà, les charts ont bien changé depuis 1967, et les songwriters ne trustent plus vraiment les premières classes. Rien de grave au final, puisque les plaisirs solitaires sont souvent les meilleurs. Les fidèles de l'oeuvre d'Hannon pourront témoigner à la barre, Absent friends a tout d'un futur classique.
Albert Potiron
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Once again, the golden rule is confirmed: Our best friends are the ones who are not there or not there anymore. Imaginary or dead, they follow us everywhere. And it does feel great. It is precisely what Absent friends is about. After Regeneration where Hannon felt he lost control of the machine, he comes back to the basics: a wonderfully arranged and subtly written chamber pop. For Nicolas Ungemuth (Rock & Folk, Le Figaro), this album is a masterpiece. How can you blame him? The sumptuously produced 11 tracks are absolutely flawless. Do you only believe what you hear? Here are some examples: the violins and the chorus of “Come home, Billy Bird” – lighter than a Michelin-starred tiramisu, the teenage ingratitude of “The happy goth”, etc. It maybe only lacks a hit song. A piece that would have allowed the Irishman to finally boom at the ears of a world that seems to sometimes be deaf. But the charts have changed a lot since 1967 and songwriters don’t really bag the top spots anymore. But it doesn’t really matter, as solitary pleasures are often the best ones. Faithful fans of Hannon’s work can testify to it, Absent friends has everything of the classic to be.
Albert Potiron
Illustration : Mathieu Persan
Pas simple de trouver un successeur à un monstre comme Absent Friends, si fignolé, si précieux. Hannon décide d'en prendre le contre-pied parfait en le pro- duisant sans overdubs ou presque. Au départ il essaye même de tout enregistrer en même temps (parties vocales, orchestre, instruments), mais finit par renoncer. En deux petites semaines, et malgré un gros rhume, l’Irlandais en petite forme enfante ce 8ème album (ou 9ème si on intègre Fanfare For The Comic Muse dans le décompte, auquel le titre de ce nouvel LP ne fait d'ailleurs absolument pas clin d'oeil), digne de ses meilleures productions. Malade ou pas, la fascination de la gente féminine demeure. Cette fois, il s'agit des bourgeoises, des divas qui se refusent à grandir. A vieillir. Mais ces anciennes reines se gâtent comme nous tous au contact de ce temps qui glisse mais laisse des traces. Désormais adulte, Neil peut raconter une vie en cinq minutes et 47 secondes. En écoutant le phénoménal “A lady of a certain age”, il est bien difficile de ne pas tomber amoureux de cette lady dont la vie s'émiette. Sans faire de bruit, l'Irlandais a fini par devenir une référence du songwriting moderne. “The light of day” ou “To die a virgin” le prouvent. Un maître de l'écriture peu en phase avec une époque où le zapping devient progressivement la nouvelle norme. La crise du disque se développe et Neil sent que ce troisième album pour Parlophone sera le dernier. Il décide, avant d'être viré, de se barrer proprement. De nouvelles aventures l'attendent.
Albert Potiron
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It is not easy to find a successor to a precious and refined jewel like Absent Friends. Hannon decides to go very much the opposite way by producing it – almost – without overdubs. He even starts by trying to record everything (voices, orchestra, instruments) at the same time but finally gives up. In two weeks and in spite of a big cold, he releases this 8th (or 9th if you count Fanfare for the Comic Muse, a title that is absolutely not acknowledged in the title of this LP) album that is among his best productions. Sick or not, he is still fascinated by women. This time, he is all about bourgeois women and divas who refuse to grow up. To get old. These former queens fade like we all do with time that goes by and leaves its mark. Now an adult, Neil can tell a life in 5 minutes and 47 seconds. When listening to the phenomenal A lady of a certain age, it is hard not to fall in love with this woman whose life is falling apart. The Irishman has quietly become a reference in modern songwriting, as proven by “The light of day” or “To die a virgin”. A master of writing that is barely in phase with his time in which content snacking slowly becomes a new standard. Neil also feels that this third album for Parlophone will be the last and decide to leave neatly before he gets fired. Here come new adventures.
Albert Potiron
Illustration : Mathieu Persan
Après avoir connu les joies d'une major (avec une nouvelle trilogie somme toute excellente), The Divine Comedy quitte le navire amiral et décide de monter dans une barque plus maniable en créant son propre label, Divine Comedy Records. La crise du disque n'aidant pas, il sent en effet qu'il va se faire débarquer, faute de ventes suffisamment conséquentes. A cause peut-être de l'absence d'un tube ? Le fameux tube, ou ce morceau qui pourrait tout changer en passant en boucle sur les radios du monde entier. Edwyn Collins y est bien parvenu avec “A girl like you”, pourquoi pas lui ? D'autant qu'Hannon a toujours écrit des refrains addictifs. Ses morceaux regorgent aussi de belles envolées qu'on imagine aisément tournant en boucle sur les radios. Mais rien n'y fait. Pas de hit. Et si c'était lui ? Et si c'était le single de ce nouvel LP ? “At the indie disco” a vraiment tout pour plaire : name-dropping, analyse humoristique et fine du merveilleux monde de l'indie-pop, couplets-refrain très efficaces et sucrés. Joli succès au final, mais loin du tube mondial. Et l'album alors ? Bang goes the knighthood n'est peut- être pas le plus grand disque d'une discographie high- level, mais c’est sans conteste le plus potache, à l'image d'une pochette rigolote où Neil prend son bain très moussant avec un chapeau, une pipe, et un chien. Les paroles sont souvent dans cette veine mais toujours pleine d’esprit, d’humour, et de justesse.
La joie d'une liberté retrouvée et l'envie de goûter à tout sont bien là. L'aventure va pouvoir continuer !
Albert Potiron
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After discovering the pleasure of a major label (with a new trilogy that remains excellent), The Divine Comedy jumps the ship for a more manageable boat by creating their own label: Divine Comedy Records. With the record crisis, he feels that he will get thrown overboard because of lower sales. Maybe because there is no hit song? A hit single that could change everything by being played over and over on the radio in the whole world. Edwyn Collins did it with A girl like you, so why couldn’t Hannon? After all, he has always been writing addictive choruses. His pieces are also full of beautiful musings that are easily imagined heard on every radio. But it does not work. No hit song. What about now? What if it was the single from this new LP? “At the indie disco” is great in every way: Name-dropping, sharp and funny analysis of the amazing world of indie pop, sweet and efficient chorus and verses. A nice success, but no world hit. What about the album?
Bang goes the knighthood may lack of consistency but is definitely the most playful album of the songwriter’s discography. Just look as the funny cover on which Neil bathes in thick lather with a hat, a pipe and a dog. But don’t be fooled and listen closely to the lyrics of all the songs and enjoy Neil’s legendary wit! Here are the joy of a regained freedom and the will to taste it all. The show can go on!
Albert Potiron
Illustration : Mathieu Persan
Le retour en grâce. Encore un, direz-vous. Dès sa sortie, les ventes de Foreverland démarrent très fort sur iTunes. Plus fort que n'importe quel autre de ses albums. Une première pour lui, et un leadership mérité pour ce disque qui figurera sans aucun doute dans de nombreux tops de l'année 2016. En revenant une nouvelle fois à ce qu'il sait faire de mieux, une écriture léchée et magnifiquement arrangée, Hannon démontre 25 ans après ses débuts que sa musique reste une formidable fontaine de jouvence. Pour lui, et pour ceux qui l'écoutent. Difficile d'isoler un titre plus qu'un autre dans cet aéropage de petites merveilles. Citons peut-être les fantastiques cuivres de “Catherine the great”, le sautillant et distingué “How can you leave me on my own”, ou encore la ballade lacrymale “To the rescue”, miracle d'élégance. Si Les Vestiges du jour de Kazuo Ishiguro devaient avoir un équivalent en musique, on n'hésiterait pas vraiment à proposer cet album. Moderne sous ses airs d'inaltérable dandy, Hannon remporte une nouvelle fois la mise. Et si Divine Comedy était finalement notre « Foreverland » à tous ?
Albert Potiron
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Back in good graces. Again, you may say. Upon its release, Foreverland sold very well on iTunes. Better than any other of his albums. It’s a first for him and a well-deserved leadership that will probably figure in the tops of 2016. Neil Hannon returns to what he does best – a polished and astoundingly arranged writing – and proves 25 years after the beginning of his career that his music still is a tremendous Fountain of Youth. For him, as well as for his listeners. It is hard to distinguish a piece rather than another in this superb collection of little gems. Let’s just talk about the extraordinary brass instruments on “Catherine the great”, the bouncy yet refined “How can you leave me on my own” and the tear-pulling and miraculously elegant ballad “To the rescue”. If Kazuo Ishiguro’s The Remains of the Day had their musical counterpart, it would probably be this album. Still modern under the looks of an unchanging dandy, Hannon takes it all again. What if The Divine Comedy was a « Foreverland » common to us all?
Albert Potiron